Cerisier : toutes les bases pour en planter au jardin

Où et comment planter les cerisiers ?
Les cerisiers sont des fruitiers un peu plus fragiles que d’autres espèces, notamment face au changement climatique. Ils ont tendance à craindre à la fois l’hydromorphie qui peut survenir en hiver suite aux précipitations intenses, et les sécheresses estivales qui sont désormais régulières faute de pluies d’été, sans parler des fortes chaleurs.
Pour ces raisons, il faut essayer de leur réserver un bon sol et surtout ne pas oublier de leur assurer un bon arrosage les premières années. Il leur faut du soleil au printemps, mais ils pourront tolérer voire apprécier une demi-ombre en été. En effet, les cerisiers sont actifs essentiellement au printemps (pousse et fruits). En été, en un sens, ils commencent à attendre le printemps suivant !
Quels sols conviennent au cerisier ?
Traditionnellement, les cerisiers demandent des sols plutôt drainants. Pour cette raison, ils sont souvent plantés sur les pentes, pour éviter l’eau stagnante. Je greffe beaucoup sur le porte-greffe Colt, qui permet de rendre les cerisiers plus tolérants aux sols lourds et argileux. Même sur Colt, attention aux sols trop hydromorphes.
Les différents types de cerisier
Il existe deux grands groupes de cerises à croquer :
- Les bigarreaux, très fameux, qui sont de grosses cerises fermes charnues.
- Les guignes, qui sont moins connues car elles ont tendance à être plus acidulées et plus molles. Pour ces raisons, elles sont moins appropriées au commerce de masse. Cependant, elles méritent une place au jardin : elles ne sont pas moins délicieuses que les bigarreaux et elles ont souvent l’avantage d’être plus rustiques et résistantes.
Ces deux types de cerises appartiennent à l’espèce Prunus avium, qui est originaire d’Europe, du Caucase, d’Iran et d’Afghanistan. Il existe de nombreuses autres espèces de cerises, notamment le griottier (Prunus cerasus).
Cerisiers et pollinisation : autofertiles ou non ?
La plupart des cerisiers sont très peu autofertiles : ils ont besoin d’être pollinisé (avec l’aide des insectes) par un autre cerisier pour bien fructifier. Cet autre cerisier n’a pas besoin d’être juste à côté, il peut être chez un voisin, dans une haie non loin, ou ça peut être un arbre sauvage…
Dans le cas où vous n’avez qu’un seul cerisier et qu’il n’y a en a aucun autre dans le parages, vous n’aurez pas de fructification satisfaisante. Certaines variétés sont sélectionnées pour être autofertiles, comme le bigarreau ‘Lapins’. Ces variétés donneront bien même si elles sont seules, mais une pollinisation venue d’un autre cerisier sera toujours un plus.
Faut-il tailler son cerisier ?
Chez l’amateur, les cerisiers nécessitent peu de taille. Ils ont tendance à prendre une forme naturellement aérée (c’est variable selon les variétés) et mieux vaut ne pas les tailler que mal les tailler, car ils sont sensibles à la coupe. On pourra cependant éliminer régulièrement le bois mort.
Quels ravageurs pour le cerisier ?
Les humains ne sont pas les seuls à aimer les cerises : les oiseaux en sont particulièrement friands ! Selon les années, les oiseaux seront plus ou moins attirés par les cerises en fonction de la nourriture qu’ils pourront trouver dans leur environnement. Pour le jardinier amateur, les oiseaux seront sûrement la principale menace pour les cerises. Il sera possible de mettre des filets. La meilleure défense reste un environnement riche en biodiversité pour que les oiseaux aient d’autres choses à manger… et un peu de chance.
Il existe bien sûr de nombreuses maladies qui peuvent frapper le cerisier. Ma perspective est que le jardinier amateur n’a pas trop à s’en soucier, les aléas climatiques et les oiseaux gourmands représentant des menaces plus concrètes. Comme pour la taille abusive, certains remèdes peuvent faire plus de mal que les petites bestioles qu’on cherche à éliminer. Notons, suite au dérèglement climatique, l’arrivée progressive en France de la mouche Drosophila suzukii.
Attention aux xylophages : certains vers peuvent manger le bois de l’intérieur. Ils pénètrent particulièrement aisément par les jeunes branches coupées. J’ai pu observer que c’est particulièrement problématique si on rabat un jeune cerisier : l’insecte peut descendre dans le jeune tronc par la moelle tendre et causer des dégâts très importants. Je recommande donc :
- De limiter les tailles des jeunes cerisiers.
- Si on doit rabattre un jeune cerisier, protéger la plaie avec du mastic.
- Surveiller les plaies de taille des jeunes cerisiers : si vous voyez un trou à la place de la moelle du bois, c’est qu’un ver le grignote. Dans ce cas, rabattez progressivement jusqu’à trouver la bestiole ou atteindre le bois sain.
Sur la photo ci-dessous, on voit clairement la chenille (découpée) et son trou au cœur du tronc du jeune cerisier.

Quels portes-greffes pour le cerisier ?
Le porte-greffe traditionnel du cerisier est le merisier. C’est lui qui donne des cerisiers immenses, hauts, qui vivent longtemps. Ces arbres sont très rustiques mais la plupart des cerises sont hors de portée, et aller les chercher avec une échelle peut se révéler périlleux.
On s’est donc servi du cerisier Sainte-Lucie comme porte-greffe pour obtenir un arbre un peu moins grand. Il s’avère assez rustique et c’est sûrement le porte-greffe le plus commun.
Les portes-greffe de la série Gisela sont beaucoup utilisés dans les vergers professionnels pour une production intensive. Demandent généralement de bons sols drainants.
Le porte-greffe Colt donne un cerisier encore un peu moins grand (5-6 mètres à taille adulte) et il est particulièrement résistant aux sols lourds, du moins pour un cerisier. Je l’utilise beaucoup, aussi bien pour son adaptabilité aux sols lourds de la région que pour sa taille adulte plus réduite, ce qui facilite la récolte des cerises de la variété greffée.
