Comment gérer les pommiers au jardin

Comment choisir ses pommiers ?
Le pommier est l’arbre nourricier par excellence. En effet, il est théoriquement possible de manger des pommes de son jardin toute l’année sans avoir à les transformer.
Les pommiers les plus précoces (notamment le pommier Saint Jean) donnent dès fin juin. Ensuite, de nombreuses variétés donnent des pommes à déguster l’été, en septembre, octobre, novembre… Pour la suite, certaines variétés donnent des pommes spécifiquement dédiées à la conservation. Leurs pommes se récoltent souvent tard, parfois avant leur maturité finale, qui aura lieu au cellier. Stockées dans les bonnes conditions (endroit obscur, froid et humide) les variétés les plus solides peuvent se conserver jusqu’au printemps. Pour des condition idéales, Il faut une température entre 1 et 4°C, une humidité d’au moins 80% et une très légère ventilation.
Il est donc très intéressant de choisir ses pommiers en fonction du moment de maturité des fruits. Dans un verger bien étudié, une variété peut succéder à une autre pendant la moitié de l’année, puis les pommes de conservation prennent le relais.
Attention : avec le changement climatique, les informations historiques sur les variétés sont susceptibles de ne plus tout à fait refléter la réalité du terrain. En effet, avec des étés plus longs, plus chauds et plus secs, la maturation des fruits est affectée. Quoi qu’il en soit, la règle générale est que plus une pomme est précoce, moins elle se conservera, et plus elle est tardive, plus elle se conservera.
D’autres facteurs peuvent affecter vos choix variétaux : couleur du fruit, utilisation prévue, tradition dans un terroir, préférence gustative, rusticité supposée…
Où planter un pommier ?
Pour les pommiers, il est particulièrement important d’avoir conscience du porte-greffe. En effet, la différence de vigueur et de taille à l’âge adulte peut être considérable selon le porte-greffe. Ci-dessous, ceux que j’utilise :
- M26 : Un porte-greffe nanifiant, qui pourra être utilisé en cas d’espace limité, ou à proximité d’un potager, car son système racinaire est peu concurrentiel. Demande un bon sol. Il mettra à fruit rapidement et les pommes seront très faciles à récolter, mais sera plus fragile et pourra nécessiter un tuteur. Environ 3m d’envergure adulte.
- M106 : Moyennement vigoureux. Celui que j’utilise le plus, je trouve que c’est un bon compromis entre vigueur et rusticité pour le particulier. Environ 5-6m d’envergure adulte.
- M111 : Moyennement vigoureux+. Tolérerait les sols très légers. Environ 6-7m d’envergure adulte.
- Franc : Très vigoureux et rustique, donne un grand arbre. Pour une vision à long terme. Environ 8-10m d’envergure adulte.
Si le M26 demande un assez bon sol, les autres sont assez tolérants à tous les types de sol, notamment les sols lourds et argileux.
Pommiers et pollinisation : autofertiles ou non ?
Sauf exception, les pommiers ne sont pas autofertiles. Il faudra donc planter au moins deux variétés différentes au jardin… ou compter sur les pommiers des voisins.

Les pommiers sont-ils sensibles aux maladies ?
Ce n’est pas pour rien que, chez les producteurs professionnels, les pommiers subissent des dizaines de traitements par an. Ceci dit, la résistance des pommiers aux maladies et aux ravageurs est très variable en fonction des variétés et des conditions.
Comme le particulier ne pratique pas de monoculture au jardin, il aura moins de problèmes. De plus, certaines maladies ont un impact surtout visuel, au final peu important. Voici les ravageurs vraiment problématiques que j’ai pu observer :
- Le carpocapse. C’est le plus gros problème des pommiers. C’est le classique « ver de la pomme ». Ce papillon de nuit pond sur la peau des fruits, puis le ver se fraie un passage dans la chair et y élit domicile. Les chauves-souris et les mésanges sont leur prédateurs naturels.
- Les xylophages. Si on voit un amas pâteux au niveau d’un trou dans le jeune tronc ou une branche, enfoncer un fil de fer dans le trou (qui souvent remonte) jusqu’à éliminer la larve.
- Le feu bactérien. Un dépérissement rapide des branches, qui peut ressembler à une brûlure. Éliminer rapidement les branches atteintes.
- La moniliose, ou pourriture des fruits. C’est un champignon qui touche surtout les variétés peu rustiques. Éclaircir les fruits pour que les pommes atteintes ne contaminent pas les autres, et favoriser les flux d’air.
Ceci dit, il est tout à fait possible pour le particulier d’obtenir d’abondantes récoltes de pommes sans aucun traitement. Il vaut généralement mieux éviter les variétés de pommes de supermarché, qui sont faites pour les grandes exploitations et leurs traitements (même si j’ai sur le terrain une ‘Gala’ très résistante qui se comporte à merveille).
De nombreux pommiers se révéleront rustiques dans un terrain diversifié riche en biodiversité, et certains sont si fertiles que même si une partie de la récolte est perdue, il en restera bien assez pour la consommation humaine. J’ai tendance à penser que, tout en gardant un œil attentif sur son verger, il vaut mieux accepter un certain pourcentage de perte plutôt que de se lancer dans un combat chronophage, onéreux et finalement impossible à gagner contre les ravageurs. La diversité des espèces et des variétés est la meilleure assurance d’une bonne récolte.
Faut-il éclaircir les pommes ?
Ça dépend !
L’éclaircissage consiste à enlever une partie des pommes juvéniles pour favoriser la croissance des autres, qui deviendront plus saines et plus grosses. A mon avis, ça ne sert à rien d’éclaircir par principe. L’éclaircissage doit plutôt s’effectuer en réaction à une observation. L’abondance de la fructification peut être extrêmement variable en fonction des variétés, de l’année, du sol, etc. Si on s’aperçoit qu’un pommier croule sous les jeunes pommes et que celles-ci vont se gêner mutuellement, ou risquer de casser des branches, alors un éclaircissage s’impose. C’est avec le temps et l’observation qu’on apprend à connaitre chacun de ses arbres et à estimer leurs besoins spécifiques.
Faut-il tailler les pommiers ?
Encore une fois : ça dépend !
La taille de formation, quand l’arbre est encore juvénile, est facultative. Il est tout à fait possible de former l’arbre selon nos envies, de lui choisir de belles charpentières (branches principales) à la hauteur voulue, etc. Cependant, c’est un acte technique. Souvent, il vaut mieux ne pas tailler que mal tailler. Le fait est que l’arbre va naturellement pousser d’une façon qui lui convient ! Une fois qu’il a fait par lui-même ses diverses branches, il devient par exemple possible de supprimer celles qui sont trop basses, ou celles qui se croisent.
Il en va de même pour la taille de l’arbre adulte. J’ai vu des gens tailler chaque année une partie considérable du volume de leurs pommiers, puis regretter une fructification trop faible, et tenter d’y remédier par encore plus de taille ! Or, il faut impérativement laisser l’arbre atteindre sa forme adulte. Si on le rabat tout le temps, sans raison valable, non seulement il n’aura pas assez de branches matures pour bien fructifier, mais il utilisera son énergie pour faire pousser de nouvelles branches afin d’atteindre sa forme adulte. Sans compter que c’est s’imposer beaucoup de travail superflu.
« C’est le fruit qui arrête la croissance végétative, et non le sécateur. » (De la taille à la conduite des arbres fruitiers, Jean-Marie Lespinasse & Evelyne Leterme)
Ceci dit, il y a des cas où la taille s’impose : si l’arbre est trop vigoureux, s’il fait trop de branches trop rapprochées les unes des autres, si des branches deviennent sénescentes ou trop âgées pour bien fructifier… Il est important de garder en tête qu’il y a autant de comportements du pommier qu’il y a de variétés de pommiers. Certaines variétés vont se stabiliser dans un port aéré et équilibré, alors que d’autres vont vouloir « faire du bois » (les « gourmands »).
J’apprécie l’idée suivante comme principal guide pour la taille : Un oiseau doit pouvoir voler librement entre les branches, mais pas un chat (s’il avait des ailes).
Les pommiers peuvent-ils être reproduits par semis des pépins ?
Pas vraiment.
En semant un pépin de pomme, vous obtiendrez un pommier issu d’une fécondation sexuelle, donc un pommier différent des deux parents. Comme les variétés de pommiers sont issues d’une très longue histoire de sélection par les humains, il est probable qu’une fécondation aléatoire ait plus de conséquences négatives que positives. C’est possible d’obtenir des pommes intéressantes ainsi, mais improbable. La seule façon de reproduire fidèlement les variétés de pommiers est la greffe.
Cependant, si jamais vous décidez de tenter votre chance avec un pommier issu d’un pépin, ne prenez surtout pas les pépins d’une pomme de supermarché. En effet, les vergers professionnels sont des monocultures dans lesquelles des milliers d’arbres d’une variété unique sont entreplantés de quelques pommiers pollinisateurs. Ceux-ci ne donnent pas de fruits intéressants. Donc un pommier issu d’un tel pépin aurait comme parents une variété probablement peu rustique habituée aux traitements, et une variété aux fruits immangeables. Aucune chance d’obtenir un pommier intéressant de cette façon.
Si vous voulez semer des pépins, prenez une pomme issue de la pollinisation de deux variétés rustiques et intéressantes.
Comment consommer les pommes ?
La liste des utilisations culinaires possibles pour les pommes est infinie. Fraiches, séchées, en compote, en tarte, en jus, en cidre…
De plus, les pommes sont peut-être les fruits qui se prêtent le plus aux plats salés. C’est un véritable fruit nourricier.
